Au cours d’un atelier organisé par le Centre d’art en Mouvement, j’ai été particulièrement intéressé par le film documentaire que Madeleine Caillard-Pisani a réalisé sur le chantier de la construction de la Bibliothèque F. Mitterrand.
Madeleine a accepté que son documentaire devienne un matériau à travailler. J’ai réalisé deux vidéos. La première a la forme d’un clip vidéo qui recycle les images du film. Elles sont traitées par ordinateur sur le mode de la déformation. La deuxième, est le générique d’un film où défile les noms des participants pour cette construction, des ouvriers à l’architecte et au commanditaire.
Notes de terrain :
Après avoir longtemps marché dans le quartier puis sur la dalle en bois de teck d’où semblent s’élever les coins de verre et d’acier, j’ai été impressionné par l’aspect monumental de l’ensemble. Ce genre d’espace se caractérise entre autres par son échelle inhumaine. Il n’est pas seulement fréquenté par les utilisateurs de la bibliothèque mais des visiteurs le parcourent, comme on le fait des champs Élysées, de l’Empire State Building ou du Coliséum…
Au niveau du rez-de-jardin et entre la tour des Nombres et celle des Lettres, on peut apercevoir en contrebas, le chantier naissant du futur cinéma MK2…
Le film documentaire du chantier montre certains petits trésors d’inventivité, de créativité dont on dû faire preuve l’ensemble du personnel des différentes entreprises au travail. C’est une histoire enfouie dans chacune des constructions édifiées et de celles qui naissent…De la construction, il dévoile ce qui nous est habituellement caché: le travail. Du monument achevé, il est devenu invisible en se solidifiant, incrusté dans le bâtiment.
Le projeter sur la tour des nombres…Les nombres ne servent-ils pas à donner la mesure du temps ? Ici le temps filmé des actions du chantier. La projection en boucle, la nuit tombée, sera muette. Le bruit évanoui du chantier, mêlé au silence de ses constructeurs : le son de la vidéo est autour, c’est la rumeur de la ville.
Le générique se projettera sur la tour des lettres. Bien nommée puisque les noms ne peuvent se passer des lettres pour êtres écrits ou vus…
Ulice Deborne
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